Étape 7 : Castellu de Vergio - Tighjettu

Lundi 10 juillet 2023

Après une nuit trop courte à cause de la chaleur, je reprends la marche à 7h15, il fait déjà assez chaud. Pour commencer, le sentier passe dans la forêt, c'est assez tranquille. Puis le paysage s'ouvre une fois dans la vallée du Golo, et j'arrive assez vite à la bergerie de Radule où des chevaux sont parqués. Je commence à suivre le ruisseau qui passe en contrebas et devine quelques vasques. Au cours des discussions d'hier soir, on m'a indiqué de me baigner dans une en particulier, située plus haut. En ce début de matinée, je ne souffre heureusement pas encore de la chaleur mais on peut deviner que la température va bien grimper. 9h, me voilà déjà au niveau de la vasque du Golo parfaite pour se baigner, je m'arrête donc faire une bonne pause, j'ai de toute façon tout le temps aujourd'hui. L'eau est bien fraîche, j'alterne alors immersions rapides et sessions bronzette. Quand j'en ai assez profité, je poursuis la montée vers la Bocca di Foggialle par l'alternative le long du Golo que Bernard m'a indiquée, qui évite de passer par le refuge Ciotollu di i Mori et son sentier paraît-il très cassant.

Le sentier en montant depuis Radule
Les pins laricio toujours aussi majestueux, ici après les bergeries de Radule

 
Vallée du Golo GR20
En remontant la vallée du Golo

Vasque dans le Golo sur le GR20
Un spot de baignade parfait !

E Forcelle GR20
E Forcelle, 1985m

Arrivée à la Bocca di Foggialle je me retourne pour admirer les crêtes rougeâtres situées au-dessus de Ciotollu Di I Mori, profite du réseau mobile, je continue de prendre mon temps. Puis il faut repartir en direction de Tighjettu.

La descente est assez pénible, en tout cas elle est technique mais au moins, je suis en forme pour l'endurer. Il fait désormais vraiment chaud et ceux qui montent depuis le nord semblent vraiment souffrir. Heureusement que je descends. Mais je finis par être moi aussi accablée par une telle chaleur, même à l'ombre dans la partie ondulant en forêt sur le flanc de la montagne. De nouveau, je m'arrête assez longuement pour déjeuner, bien à l'ombre des pins.

J'ai tout juste assez d'eau pour arriver à la bergerie de Ballone où je peux enfin refaire le plein. D'ailleurs depuis hier après-midi, j'ai l'impression que lorsque je bois quelque chose me rend malade (et je réalise seulement maintenant en écrivant ces lignes que le responsable était peut-être ce vieux sandwich !). J'avais déjà nettoyé mon embout de poche à eau et changé l'eau mais cela a continué. Aujourd'hui ce sont ces désagréments digestifs et non le mal de pieds qui me rendent la marche un peu inconfortable. Il faut dire aussi que la journée est plus tranquille, cela repose forcément les pieds, je n'ai marché que 3h environ entre Castellu di Vergio et la bergerie de Ballone. Je vais donc nettoyer maintenant l'intégralité de mon camelbak puis commander un coca en espérant un effet médicamenteux. J'accompagne ma boisson d'une portion de fromage. Étant seule et voulant garder un sac léger, il m'est compliqué d'acheter et transporter des fromages ou charcuteries entières, donc je saisis l'opportunité. C'est qu'il serait dommage de ne pas profiter des bonnes spécialités locales ! (Petit aparté : plus j'écris ce blog, plus je réalise que je dois passer pour un ventre sur pattes à parler autant de nourriture😅). 

Je m'installe en terrasse pour cette petite collation, en compagnie des deux allemands que je croise à maintes reprises chaque jour depuis Capannelle. Comme eux, Olivier et Sabine rencontrés après l'Onda, s'arrêteront ici à la bergerie pour la nuit. De mon côté, je pousse jusqu'au refuge de Tighjettu qui se trouve juste au-dessus de nous, quelques 250m plus haut. Je repars dans la fournaise mais n'ai pas peur de la grimpette. Cependant, est-ce la chaleur, ou la digestion, mais mon cardio s'affole un peu, j'ai du mal à trouver mon rythme. Je me sens même tremblante. Mais le refuge est déjà en vue et je devine que les efforts seront de courte durée. J'arrive alors devant une nouvelle vasque invitant à la baignade, je m'y arrête donc pour la deuxième trempette de la journée. Je m'immerge comme dans une baignoire et suis très surprise de pouvoir rester dans l'eau indéfiniment, sans avoir froid, surtout considérant le différentiel de température avec l'extérieur. L'eau me semble très bonne, alors qu'elle coule avec un débit important en provenance directe d'une vallée à 2000m d'altitude. Est-ce que mon corps est tout détraqué ou pour une fois, l'eau est vraiment tempérée même en altitude ?

Capu Tafunatu GR20
La vallée du Golo, et au bout le Capu Tafunatu (2335m)

Depuis la Bocca di Foggialle (1963m)

Après quelques minutes, je me remets en route, bien plus en possession de mes moyens, cette pause rafraîchissante m'a fait beaucoup de bien. En un rien de temps après être repartie de Ballone, me voilà déjà à Tighjettu, 1666m. Il est à peine plus de 15h30.

La fin d'après-midi va être solitaire, il y a tellement de monde que de nombreux groupes sont formés, attablés en terrasse, et il est difficile d'engager la conversation. Je m'ennuie un peu mais il reste quand même à se laver et faire la lessive. À ce propos, seules deux douches équipent ce refuge et il faut faire la queue longtemps pour s'en servir. L'heure du dîner arrive enfin et promet un minimum d'animation. Je me trouve à une tablée fort sympathique avec Mathurin, Yoan, Julie et son amie dont j'ai oublié le nom. Nous nous entendons très bien, l'ambiance est conviviale, et après le dessert un peu d'animation nous est proposée avec un digestif offert dans un petit cérémonial par la maison. 

Nous nous retrouvons ensuite à l'extérieur et accueillons à notre joyeuse tablée Juliette, jeune médecin en 6e année, pour une partie de cartes. La soirée se poursuit donc dans la bonne ambiance, la rigolade, et le partage de canistrelli. Pour couronner le tout, en pleine partie de cartes, j'aperçois au loin sur la paroi d'en face, un mouvement, du coin de l’œil. Il s'agit de quelques mouflons que je m'empresse de montrer à mes camarades, ravis. Voilà un groupe que je regrette de ne pas revoir les jours suivants du fait de parcourir le GR20 à "contresens". 

La nuit fût très difficile de nouveau avec une chaleur infernale à l'intérieur du dortoir malgré l'ouverture des fenêtres en oscillo-battant. La journée a été caniculaire et le bâtiment a visiblement emmagasiné toute cette chaleur. De plus, il faut composer avec les punaises de lit qui, souvent soupçonnées dans la plupart des refuges, ont été effectivement repérées ici par mes compagnons de chambrée. Je m'en sortirai avec 3 morsures au pied (ça démange très fort) mais parviendrai à éviter de les faire voyager avec mes affaires.

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