Étape 4 : Capannelle - L'Onda

Vue sur le Monte d'Oro depuis la bocca Palmente
Monte d'Oro depuis la Bocca Palmente

Vendredi 7 juillet 2023

La nuit m'a permis de récupérer un peu de la très grosse journée d'hier, mais me coucher plus tôt aurait été préférable. Je pars peu après 7h, et retrouve un sentier confortable dans la très belle pinède déjà entrevue hier. Nous sommes peu nombreux à parcourir le GR du sud au nord, mais je finis tout de même par rattraper puis dépasser deux allemands semblant avoir mon âge. Peut-être enfin des personnes que je verrai plus d'une fois durant cette itinérance ? Reste à savoir si nous avons le même découpage d'étapes, mais pour le moment je ne m'attarde pas. Au bout de deux heures le besoin de sieste revient, preuve que la nuit n'a pas suffit à recharger mes batteries. Je m'arrête donc sur un emplacement plat où l'on peut s'allonger, malheureusement les insectes me chatouillent les jambes et m'empêchent de trouver le sommeil. A celà s'ajoute le passage des gens arrivant de Vizzavone, qui passent juste devant moi et pour cause, je suis juste au bord du sentier. Cela dit, cette bonne pause d'une demi-heure est la bienvenue, c'est également l'occasion de grignoter un peu. 

L'étape de ce matin est toujours forestière mais globalement moins jolie que la veille depuis que je me suis éloignée de Capannelle. Le paysage s'ouvre un moment à l'approche de la Bocca Palmente, depuis laquelle on voit très bien le Monte d'Oro, 2390m. 

De l'autre côté du col, le GR traverse cette fois une forêt de châtaigniers, je commençais à me demander où on pouvait les trouver sur l'Île. Visiblement, il y en a assez peu sur le tracé du GR20 où le climat est sans doute trop montagnard.

Je rêve toujours de ma pizza, et commence maintenant à imaginer que je pourrais y avoir droit aujourd'hui, puisque je passe par Vizzavone où l'on trouve quelques restaurants et auberges. Je réfléchis tout en marchant : je vais commander une pizza, en dessert une glace à la châtaigne (ça doit bien exister ?) et un bon café, avant de repartir vers l'Onda. J'ai hâte !

En traversant l'Agnone
Vasques et cascades sur l'Agnone

J'arrive à Vizzavone bien avant l'heure du déjeuner, il est seulement 11h30. Mais j'ai tellement envie de profiter du passage "en ville" pour bien manger que je préfère attendre l'ouverture du service d'un hôtel-restaurant qui me semble convenable. Il s'agit du Vizzavona, situé juste à côté de la gare. J'y suis très bien accueillie, on me demande juste d'attendre midi pour commander. Je m'installe tranquillement à l'ombre et patiente avec mon topo-guide et mon téléphone. Tout à coup survient un phénomène météo que je n'avais encore jamais observé : alors que le soleil brille au-dessus de nos têtes, il se met à tomber une pluie assez fine d'on ne sait où, aucun nuage n'est visible dans le ciel. Ce phénomène assez rare porte un nom : "serein", apprendrai-je plus tard. Celà dure quelques instants seulement, et vu l'aspect du ciel, je ne me fais pas de soucis quant à la météo pour cet après-midi. La demi-heure d'attente est vite passée. Pas de pizza ici, malheureusement, il faudra encore patienter. Mais de quoi bien manger malgré tout : chipolatas/riz/ratatouille, suivi d'une belle coupe de glace et d'un café. Je me suis peut-être un peu trop lâchée, me dis-je en repartant le ventre bien lourd, l'ascension qui arrive risque d'être un peu rude... Il est alors 13h30, je me suis donc arrêtée 2h.

Le monte d'Oro vu d'en bas
Au pied du Monte d'Oro

Je repars donc dans la chaleur, doucement mais sûrement, avec l'intention de bien gérer l'effort tout au long de la montée qui m'attend. Ce sont 1150m de dénivelé qui me séparent de la Bocca Muratellu, dernier point de passage avant la descente sur le refuge de l'Onda, mon étape de ce soir. Beaucoup de monde circule sur le sentier à proximité de Vizzavone, puisqu'il est accessible en train et en voiture depuis les deux côtés de l'île. Au-delà des trekkeurs, beaucoup de touristes viennent simplement pour profiter des vasques sur le cours d'eau de l'Agnone, et admirer la cascade des anglais. Pas le temps pour moi d'en profiter, je n'ai que trop traîné à Vizzavone, il faut continuer...

Mais si je suis heureuse de m'éloigner de ce tumulte, je regrette de laisser derrière moi le sentier cheminant à l'ombre qui laisse maintenant place à un boulevard vertical de grandes dalles en plein cagnard. Il va falloir gérer l'eau et boire petit à petit.

Mon avancée est très lente durant toute la montée jusqu'au col, la Bocca Muratellu, qui se corse au fur et à mesure et redevient fidèle à la réputation du GR20. De la caillasse en veux-tu en voilà ! La pente est raide et la meilleure technique à adopter et de faire de petits pas bien réguliers quand on le peut . Plus de 1000m à grimper d'une traite, c'est beaucoup mais la vue sur le Monte d'Oro et la vallée de l'Agnone est très belle, ce serait dommage de ne pas se retourner quelques instants pour l'admirer.

Arrivée en haut en 3 heures depuis Vizzavone au prix d'efforts constants et de litres de sueur perdus, je rêve d'une pause bien méritée mais le moindre arrêt me vaut d'être assaillie par une multitude de moucherons, causant des démangeaisons insupportables. Je m'arrête donc très brièvement pour reposer un minimum les pieds mais j'attendrai plus tard pour la pause goûter.

Il faut monter tout en haut à la Bocca Muratellu...
Punta Migliarellu à gauche, Punta et Bocca Muratellu à droite

Juste avant la Bocca Muratellu
Juste avant la Bocca Muratellu (2120m)

La vue s'annonçait saisissante de l'autre côté mais des nuages cachent un peu le paysage. Il se dévoile tout de même en partie en descendant un peu. La montagne est parsemée de blocs rocheux dressés vers le ciel. Ses pans sont occupés comme souvent par de nombreux aulnes au stade arbustif. Ce sont des aulnes corses, une espèce endémique donc. 

La descente est plaisante, le sentier n'est pas cassant, mais l'étape du jour a tout de même été assez longue. Je ne croise plus personne depuis la montée, excepté un allemand qui vient de Vizzavone via la variante par le Monte d'Oro. Je le dépasse et m'arrête enfin manger un peu de sucre, à une altitude où ces étranges moucherons ne viennent plus me déranger.

Brume derrière les rochers qui entourent le GR20
La brume se lève avant d'atteindre l'Onda

J'arrive enfin à l'Onda à 18h, le refuge est jouxté par une vaste aire de bivouac ainsi qu'une bergerie. Par chance je peux encore m'inscrire pour le dîner, j'ai toujours sur moi un sandwich acheté hier soir à Capannelle mais ici on propose des lasagnes, ce serait dommage de ne pas en profiter. On nous appelle à table à 18h30, comme dans tous les refuges jusqu'ici, seulement cette fois nous attendons 45 longues minutes avant d'être servis. Heureusement les lasagnes végétariennes en valaient la peine, tout comme le reste du repas, potage, fromage de brebis et mousse au chocolat. De plus j'ai discuté avec trois lyonnais, Flora, Camille et Gilles, et passé un agréable moment.

Le repas terminé, je file me laver ainsi que mes vêtements. Hors de question de remettre des vêtements plein de transpiration demain ! Ici les sanitaires sont de nouveau rustiques, sans éclairage et peu nombreux. Au moment du coucher, depuis ma tente, j'écoute quelques minutes les chants corses ou autres chants populaires accompagnés à la guitare qui résonnent depuis le refuge. C'est le meilleur chanteur que j'ai entendu jusqu'à présent ! Un beau moment suspendu sur ce GR20, qui succède à un coucher de soleil venu colorer d'une douce lumière la montagne au pied de laquelle nous nous trouvons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire