Étape 10 : Ortu di U Piobbu - Calenzana

Jeudi 13 juillet 2023

Au petit matin, mes ligaments ne semblent plus douloureux, même si j'attends d'avoir marché un moment en descente pour me prononcer. L'aventure touche à sa fin, c'est une toute petite étape qui m'attend jusqu'à Calenzana. Elle aurait gagné à être doublée avec une autre mais le découpage aurait alors été compliqué. Un vrai casse-tête ce GR20 pour qui cherche à le parcourir en moins de deux semaines !

Alors que l'on se rapproche de la mer et que le paysage est supposé être de moins en moins spectaculaire, je m'émerveille toujours autant, de la taille des pins, toujours aussi majestueux, et des formations granitiques.

Pins laricio

La roche est toujours aussi présente

Il y a toujours des passages de désescalade où les mains sont utiles. Le GR20 garde son caractère technique et minéral jusqu'à la toute fin. Malgré cela, les quelques kilomètres sont vite avalés et je sens que je ne vais pas marcher bien longtemps aujourd'hui.

A mi-chemin, des passages en forêt 

 

Le sentier, après avoir rapidement perdu en altitude au gré des passages techniques dans la roche, arrive en forêt. Puis le paysage s'ouvre en passant par un col sans nom. J'y trouve de nombreux marcheurs venus de Calenzana. Puis de nouveau la progression se fait parmi les arbres, moins nombreux, et sur un sentier bien roulant. L'arrière du genou ne me gène plus, une super nouvelle. Tout est facile à présent.

Ici, une partie de la forêt est calcinée. A ce qu'on m'a dit, certains locaux, mécontents du quasi monopole du Parc Naturel Régional sur la gestion des refuges du GR20, ont provoqué volontairement des incendies. D'ailleurs, le refuge historique d'Ortu di U Piobbu a lui aussi brûlé, ses ruines se trouvent à côté de la cabane du gardien du PNR.

Contraste entre la couleur des immortelles et les arbres morts

Un sentier bien roulant

Je profite du paysage, que je trouve très joli malgré les arbres brûlés. De plus, sa dimension olfactive n'est pas en reste puisque le sentier est bordé de nombreuses immortelles, ces fleurs jaunes qui dégagent une forte odeur. Côté ciel, l'atmosphère est assez particulière, on trouve quelques plafonds nuageux bas par endroits, et une sorte de brume qui rend la mer assez peu visible. Quelques trouées de ciel bleu apparaissent vers 10h30, peu avant mon arrivée. J'aperçois en effet le village de Calenzana, début du GR20 pour beaucoup, mais qui marque bien la fin du mien.

L'arrivée est toute proche

Fini la haute montagne, je retrouve un climat et un décor de littoral méditerranéen, et d'ailleurs, j'aurai tout le loisir de me baigner cet après-midi. Une récompense bien méritée d'après moi !

10h50, me voilà arrivée à l'entrée du village, devant le panneau du départ du GR. Cette étape est très vite passée et je ne suis pas du tout fatiguée après 11 petits kilomètres et presque 1500m de descente, le sentier était assez bon durant la deuxième partie.

Il n'y a plus qu'à savourer le moment, réaliser ce que je viens d'accomplir. Je suis plutôt fière, c'est certain, et j'ai découvert une île de la plus belle des manières : en passant par ses hautes montagnes.

Si rude mais si belle, si sauvage mais si accueillante.

J'ai pu fouler la terre de quelques ancêtres.

J'ai surtout rempli mon cœur et mes yeux de paysages merveilleux.

J'ai souffert, un peu.

J'ai fait de belles rencontres, comme toujours en trek en solitaire.

J'ai dégusté quelques produits locaux.

Tes granits si colorés, tes hêtres, tes pins laricio centenaires, tes pozzi,

Corse, tu m'en as mis plein la vue, 

Corse, tu as usé mes souliers.

Ton surnom d'île de beauté n'est en rien usurpé.

Montagne dans la mer, évidemment que tu avais tout pour me plaire.

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Épilogue 

L’aventure se termine aux côtés de Bernard et Valérie qui sont toujours dans le coin après avoir terminé leur moitié de GR20 nord à Vizzavone. Nous passons la fin de ma dernière journée ensemble et fêtons la fin de ces belles vacances à l'Île Rousse. C'est de là que partira mon ferry demain.

Durant cette traversée, j'ai droit à une ultime surprise. Alors que je fais une intense séance d'UV, lézardant sur le pont, j'observe à deux reprises des baleines qui nagent non loin de notre énorme embarcation. C'est la toute première fois que j'en vois, je suis émerveillée, d'autant que je ne m'attendais pas du tout à cette rencontre. La mer réserve d'aussi belles surprises que la montagne, semblerait-il !

J'espère que ce récit et ce blog ont pu apporter des informations utiles à toute personne projetant de réaliser le GR20, ou simplement vous donner du plaisir à le lire !